Troubles du sommeil, surdité, maladies cardio-vasculaires, stress, dépression… à l’occasion de la semaine du Son qui se tient du 20 au 26 janvier en France, Pourquoi Docteur fait le point sur les principaux effets négatifs du bruit sur la santé.
Près de 125 millions de citoyens européens souffrent de la pollution sonore. Selon l’Agence européenne de l’environnement (AEE), l’exposition au bruit est impliquée dans 43 000 hospitalisations et plus de 10 000 morts prématurées par an en Europe. A l’occasion de la semaine du Son qui se tient du 20 au 26 janvier en France, Pourquoi Docteur fait le point sur les principaux effets néfastes du bruits pour la santé.
Des effets néfastes pour l’ouïe
Qui dit bruit dit oreilles. Bien évidemment, le premier risque lié à un niveau de bruit excessif concerne l’ouïe. Pour une journée de travail de 8 heures, on considère cette dernière en danger à partir de 85dB(A). Si le niveau de bruit est supérieur, l’exposition doit être plus courte. Si le niveau est extrêmement élevé (supérieur à 130 dB(A)), toute exposition, même de très courte, est dangereuse. Car une exposition prolongée à des niveaux de bruits intenses détruit peu à peu les cellules ciliées de l’oreille interne. Une surdité progressive commence alors à s’installer.
La surdité comporte trois stades : cela commence par la surdité légère, où le sujet ne se rend pas compte de sa perte auditive car les fréquences de la parole sont peu touchées. Puis, quand il atteint la phase de surdité moyenne, les fréquences aiguës de la conversation sont touchées et il ne comprend plus distinctement ce qui se dit. Enfin, quand la personne est atteinte de surdité profonde et irréversible, elle n’entend plus ou très peu ce qui se dit.
Un bruit excessif peut également entraîner des acouphènes (perception anormale d’un bruit en l’absence d’une source sonore), une hyperacousie (l’oreille devient hypersensible à certains sons) ou encore un traumatisme sonore aigu (lésion brutale due à une exposition à des bruits violents tels qu’une explosion, des feux d’artifice ou un coup de feu).
Une augmentation des troubles cardiovasculaires
De nombreuses études ont montré que les travailleurs exposés au bruit avaient plus tendance à être sujets aux troubles cardiovasculaires. Ces derniers augmenteraient avec l’ancienneté de ces salariés à un poste bruyant. En effet, le bruit augmente la fréquence cardiaque et la tension artérielle (près de 900 000 cas d’hypertension seraient favorisés par un bruit excessif chaque année), le taux de cholestérol et les risques d’infarctus.
Des troubles du sommeil
L’exposition au bruit pendant la nuit a bien sûr des conséquences négatives sur la qualité du sommeil. Une exposition diurne de 12 heures à 85 dB(A) entraîne par exemple une réduction du nombre et de la durée des cycles de sommeil. Ainsi, le bruit perturbe la fonction récupératrice du sommeil et peut conduire à une fatigue chronique. Ce phénomène est encore plus prononcé chez les personnes travaillant de nuit qui doivent dormir pendant la journée.
Des effets négatifs sur la santé mentale
Plusieurs recherches ont par ailleurs montré les effets négatifs du bruit sur la santé psychique. Selon une étude parue dans le European journal of public health en mai 2018, des chercheurs danois ont analysé les résultats des d’enquêtes sur la santé et la morbidité réalisées en 2010 et 2013. Ils ont alors découvert que les personnes qui avaient déclaré être très contrariées par les bruits de leurs voisins avaient 2,34 fois plus risque d’être en mauvaise santé mentale et étaient 2,78 fois plus susceptibles d’éprouver un niveau élevé de stress ressenti que celles indifférentes aux bruits de leurs voisins. Des associations similaires ont été observées avec la gêne causée par le bruit de la circulation.
En conclusion, “les résultats de cette étude indiquent qu’il existe une forte relation entre la gêne due au bruit et une mauvaise santé mentale et des niveaux élevés de stress perçu chez les personnes vivant dans des logements à plusieurs étages au Danemark”, notent les auteurs, précisant que de plus amples recherches sont “nécessaires pour déterminer la direction de la causalité”. Dans une enquête réalisée par le Centre d’information et de documentation sur le bruit (CIDB) en 2010 sur des Français, 35 % des sondés accusaient le bruit de perturber leur sommeil tandis que pour 26% il constituait une source de stress et pour 22 % de fatigue et de tensions nerveuses. D’après ce sondage, 10% prendraient des médicaments à cause du bruit et ce dernier auraient même fait tomber 7% des personnes en dépression. Enfin, 15 % songeraient à déménager à cause des nuisances sonores.